Quelle vérité ?

Daebrylla sortit de chez elle et marcha dans les rues de Suna. Beaucoup la saluaient sur son passage et elle leur rendait la pareille. Elle avait toujours son esprit tourné vers ce qui c'était produit à Taki. Elle n'en avait parlé à personne. Peut-être était-ce pour cela que ce mal la tourmentait. Mais elle ne voulait pas réveiller de vieux souvenirs. Si elle devait enquêter et trouver la vérité, il lui faudrait être audacieuse et assez discrète. Mais vers qui pourrait-elle se tourner pour trouver cette vérité ? Beaucoup de hauts dignitaires étaient morts pendant l'attaque de Suna. Il n'en restait que très peu, comme Alacon.

*Il ne doit pas savoir ... Je me tournerai vers lui seulement en dernier recours.*

Elle avançait toujours, lentement, les mains croisées dans le dos.

Daebrylla continuait sa route, tout en se creusant la tête. Comment diable fallait-il procéder pour éviter de raviver de vieux souvenirs pas très plaisants ? Et pourtant, son enquête allait le faire.

*Tant pis ... Je dois le faire, même si ce n'est pas plaisant ...*

Elle aurait pu retourner à Taki pour demander à Shyûhei mais le vieil homme de son rêve lui avait clairement dit de trouver la vérité par elle-même. Et ses rêves, elle les suivait pratiquement toujours. Jamais elle ne s'était trompée. Il n'y avait pas si longtemps que ça, elle avait rêvé qu'elle retrouvait son frère et qu'elle était obligée de le tuer. Puis, pendant la deuxième mission à Féérune, c'était lui qui tentait de la tuer. Et maintenant, cet homme qui lui demandait de trouver la vérité.

Jamais deux sans trois comme on dit. Elle devait se faire confiance. Au fond d'elle, elle savait que ce n'était pas si improbable que ça.

Elle soupira et commença à grimper le long de la falaise.

*J'ai besoin du conseil des aïeuls. J'espère juste qu'ils voudront bien aider …*

Elle continua sa route ainsi, pendant une dizaine de minutes. Plus elle grimpait, plus la tempête de sable était puissante. C'était ainsi. Ce chemin était toujours perturbé par le sable. Peut-être à cause des aïeuls qui protégeaient les lieux.

Dans le bâtiment, une vieille personne roupillait alors qu'une autre pêchait dans la petite mare. Le premier avait toujours les yeux plissés et une sorte de chapeau fait avec des bandages. Il se prénommait Ebizu. L'autre était une femme, au visage ridé, tout comme Ebizu. Elle avait un petit bonnet. Ebizu piqua du nez mais se reprit.

Au bout d'un moment, elle arriva devant deux grandes et lourdes portes. Elle allait les passer quand elle vit une ombre sur le côté.

"Baki, que fais-tu là ?"

Ce dernier sortit de l'ombre.

"Kazekage-sama, c'est une affaire de plus haute importance."

En entendant cela, elle savait qu'elle devait mettre de côté pour le moment sa mission personnelle.

"Je ne voulais pas vous déranger mais il me semble que ..."
"Que cette affaire requiert ma plus grande attention."
"Tout à fait."
"Allons dans mon bureau."

Ils disparurent tous les deux dans un nuage de sable.

Après sa discussion avec Baki, elle reprit le chemin menant au dojo du sommet de la falaise. Cette fois-ci serait la bonne. Son entretien avec les aïeuls passerait avant tout. A l'intérieur, Ebizu se réveilla.

"On dirait que quelqu'un est là. Nee-chan !"

Daebrylla s'arrêta devant les lourdes portes.

"Hé ! Nee-chan !!"

Aucune réponse de la vieille. Ebizu était surpris et se mit à hurler. Pas de réaction.

"T'es morte ?"

Chiyo lâcha sa canne mais elle la récupéra avant qu'elle ne touche la surface. Ebizu était encore plus surpris.

"J't'ai eu ! Je faisais la morte !"

Elle se mit à rire.

"Ne le fais pas aussi bien, nee-chan !"

Ebizu se tourna vers la porte et Chiyo s'arrêta de rire. Les lourdes portes venaient de se refermer, laissant apparaître Daebrylla.

"Honorables aïeuls … Je suis venu demander votre aide."

Chiyo lança la canne, sans ver à l'hameçon d'ailleurs.

"Les vieilles personnes sont censées rester seules, en haut de cette colline. Que pourrions-nous faire ?"
"C'est au sujet de ..."

Elle ne savait pas réellement comment aborder le sujet. La Kazekage se mordit les lèvres supérieures. Chiyo sourit.

"Nous avons pris notre retraite depuis longtemps. Nous ne sommes plus reliés en quoi que ce soit avec ce monde. Même si j'aimerais voir le visage de mon petit-fils une dernière fois."
"Sasori-sama est parti depuis longtemps. Mais ce n'est pas de lui dont je suis venue vous parler."

Ebizu ne disait rien. Il se contentait d'écouter ce qui se racontait.

"Des réponses tu es venue chercher, n'est-ce pas ?"
"La vérité surtout."
"Très bien. Que veux-tu savoir ?"

Daebrylla baissa la tête.

"Shyûhei ..."
"Yondaime Kazekage ?"

Ebizu et Chiyo se regardèrent. Ils ne semblaient pas étonnés qu'elle parle de lui.

"Vous saviez, n'est-ce pas ?"
"Difficile pour lui à l'époque de cacher son chakra. Il en avait une trop grande quantité."
"Pourquoi ? Pourquoi vous n'avez rien dit ? Pourquoi l'avoir caché ?"

Chiyo se leva et fit quelques pas.

"C'était ainsi. Il ne pouvait pas rester après ce qui c'était passé."
"Il m'a dit qu'il a cru que nous étions morts."
"Qu'en penses-tu ?"
"C'est faux, n'est-ce pas ?"
"Penses-tu être prête à écouter la vérité ?"
"Je ne sais pas."
"Réfléchis bien avant de décider."

La vérité était-elle aussi dure à entendre pour que Chiyo et Ebizu la mettent en garde de cette manière ?

Daebrylla prit une grande inspiration. Devait-elle le faire ? Demander la vérité ? Ou bien devait-elle attendre encore un peu ? Non, attendre n'était pas la meilleure solution car cela se répercuterait plus tard. Elle avait fait face à bien d'autres problèmes et elle saurait surmonter celui-là. Elle souffla le trop d'air qu'elle avait pris.

"C'est décidé. Je ... Je ..."

Ebizu et Chiyo attendaient la suite de la phrase.

"Je veux savoir ce qui c'est réellement passé ce jour-là."

Chiyo lui fit alors signe de prendre un siège. Daebrylla s'exécuta et s'assit.

"Quelques jours avant l'attaque de Suna, un homme est venu voir Shyûhei au village. Il voulait s'entretenir avec ton père et il a accepté. Nous n'avons pas su ce qui c'était dit mais tout ça porte à croire que c'est ce qui déclencha la guerre."
"Vraiment ? Alors, mon père a d'abord eu un rapport non conflictuel avec eux ?"
"Il semblerait mais cela n'a pas trop été ébruité."
"Je crois qu'Alacon est courant de toute cette histoire ... Enfin, peut-être pas de tout."
"Que s'est-il passé ensuite ?"
"Comme tu le sais, le village a été attaqué. Il y eut de nombreux morts, dont ta mère. Shyûhei était très affecté par sa mort et il se croyait coupable des dégâts que le village avait subi."
"Coupable ?"
"Selon lui, c'était de sa faute ... Tous ces morts. Il ne pouvait pas ce le pardonner. En accord avec lui, nous avons fait croire à sa mort."
"Vous ne vous êtes pas dits que cela affecterait tous ceux qui resteraient ?"
"Là n'était pas la question. Il ne voulait, enfin, il ne pouvait plus diriger le pays."
"C'était mieux ainsi. Pour le bien de tous."
"Mieux ainsi ..."

Daebrylla tourna la tête. Elle avait presque les larmes aux yeux mais elle respira un bon coup. Qu'allait-elle encore apprendre ?

Daebrylla n'allait pas fondre en larme. Non, certainement pas devant les aïeuls. Peut-être chez elle plus tard mais pas maintenant. Cette nouvelle l'avait quand même bouleversé. Shyûhei était parti car il ne pouvait plus tenir son rôle de Kazekage. Trop affecté ... Et son frère et elle, n'avaient-ils pas été doublement voire triplement affectés ? La mort de Guylain sous leurs yeux ... Puis celle de leur mère. Et ils apprenaient ensuite que leur père était aussi mort. C'était vraiment n'importe quoi.

Daebrylla posa une main contre son front. Ebizu voyait son trouble mais ce n'était pas encore terminé. D'autres révélations devaient encore venir.

"Pourquoi ce soudain intéressement à Shyûhei au fait ?"

Daebrylla respira un coup.

"Je l'ai rencontré lors d'une mission à Taki."
"Oh, alors, c'est là-bas qu'il se terre."
"Oui. Et il m'a parlé d'une soeur que j'aurais et que je ne connais pas."

Ebizu et Chiyo se regardèrent. Là, elle venait de soulever une question encore plus épineuse que les précédentes.

"Oui, en effet. Mais c'est plus grave que tu ne l'imagines."
"Grave à quel point ?"
"Pas aujourd'hui tu le sauras."
"Comment ça ?"
"Tu devrais rentrer chez toi et méditer sur ce qui vient d'être dit. Et tu reviendras nous voir demain pour la suite du récit."
"Mais ..."
"Pas de mais. Il y a moins de deux semaines, tu étais à l'hôpital, en convalescence. Deux nouvelles sordides coup sur coup, c'est dangereux."

C'était la sous-estimer. Elle encaisserait, comme tout le reste. Mais de toute manière, quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, ils ne lui diraient rien ce soir.

"D'accord."

Daebrylla se leva et s'en alla, laissant seuls Ebizu et Chiyo.

"Nee-san, tu crois que c'est une bonne idée de lui dire ?"
"Mais ce serait pire que personne ne lui dise la vérité."
"Peut-être."

Daebrylla descendait le long de la falaise. Elle venait d'en apprendre un peu plus sur la couardise de son père. Mais il manquait encore des pièces au puzzle, pièces qu'elle trouverait d'une manière ou d'une autre.

Après sa soudaine disparition dans le sable, Daebrylla s'était retrouvée devant les grandes portes des aïeuls. Elle n'avait pas mis longtemps à s'ouvrir. Elle les poussa et les portes se refermèrent après son passage.

"Tu es déjà de retour ?"
"Je veux savoir la vérité, ici et maintenant."

Chiyo soupira.

"Tu es dans un état moralement instable. Et je pense que cela te fera plus de mal qu'autre chose."
"Là n'est pas la question. Mon mental va très bien. C'est juste que j'ai besoin de réponses à mes questions. Et si je ne peux les obtenir de votre part, fort bien, j'irais chercher ailleurs. Je remuerai chaque grain de sable pour obtenir la vérité. Et cela fera comme une vague déferlante. Beaucoup plus de gens seront affectés."

Elle avait le regard déterminé.

"Nee-chan ... Je crois qu'il est temps."
"Peut-être bien."

Chiyo soupira.

"Très bien, très bien ... N'as-tu pas remarqué quelque chose d'étrange sur ta famille ?"
"A propos de quel sujet ?"
"L'appartenance à un clan."
"Comment expliques-tu le fait que tes parents n'aient pas le Byakugan ?"
"Un gêne sauteur. Ca arrive dans toutes les familles ..."
"Cette réponse te satisfait-elle entièrement ?"

Daebrylla n'avait pas pour habitude de perdre patience mais là ...

"Venez-en au fait."
"Très bien, on va faire court ... Si tu veux tous les détails ..."
"Je sais, je passerai voir Shyûhei."
"Tes parents ne sont pas tes parents."

Suite à ça, Daebrylla faillit en tomber à la renverse.

"Pardon ? C'est une blague ?"
"Ne crois pas que je suis sénile... Tu voulais savoir la vérité, je te la donne ..."

La Kazekage prit une grande bouffée d'air ... C'était encore pire que si on lui plantait un couteau dans le coeur et qu'on le remuait. Cela venait de pire en pire ... Elle qui menait une vie assez calme et tranquille avant ... Pourquoi avait-elle donc pris l'initiative de faire cette mission à Taki ? Pourquoi ? Peut-être était-ce insconciemment ? Peut-être une voix l'avait guidée pour faire ce choix ?

Daebrylla posa une main contre son front. Elle avait mal à la tête et ce n'était pas qu'à cause des révélations. Elle n'avait pas vraiment dormi ces derniers jours ... Le Shuukaku l'ennuyait aussi.

"C'est ... C'est ..."
"Impossible ? Non ..."

Après cela, Daebrylla quitta le temple des vieillards, assez bouleversée ...

Kazeryu peinait a continuer.Les vieux avaient vraiment l'air de pas vouloir être déranger.Quand tout à coup la tempête se calma un peu et Kazeryu pouvait progresser normalement.Mais il n'allat pas plus loin.Dae sortait du temple.Elle était éffondrée.Il la soutint un instant.Kazeryu créa un clone à la maison et Shika apparut au détour du chemin 2 minutes plus loin.Il était fatigué par la course folle qu'il avait éffectué.Aranel n'avait pas encore remarqué l'absence de Shika.Ils pourraient parler deux minutes avec elle.

Qu'y a t-il?Pourquoi est-tu si pâle?Tu trembles!

Shika n'arrivait pas à se calmer.Il tremblait tellement qu'il tomba à genoux.Ses jambes n'arriavaient plus à le porter.Kazeryu laissa Dae dans les bras de Shika.Le vent soufflait toujours au même rythme.Mais l'on pouvait entendre la complainte déchirante du sable.

Elle n'était pas en larmes mais c'était comme si ... Elle qui pensait qu'elle pouvait encaisser n'importe quoi ... Et bien, c'était pire que ce qu'elle avait prévu. Shikamaru était arrivé d'où on ne sait où, tout comme le petit dragon. La tempête de sable allait reprendre de plus belle, c'était la protection du temple des deux vieux.

"Il ne faut pas rester là ..."

C'est tout ce qu'elle avait envie de dire, pour le moment. Ses parents ne l'étaient pas ... Qui étaient-ils alors ? Ne dit-on pas que les vrais parents sont ceux qui nous élèvent ? Au diable les liens du sang et tout le reste. Le plus important dans une famille, c'est-ce pas l'amour ? Une protection que les parents offrent à leurs enfants ?

Shika sentit le désarroi dans sa seule parole.Il ne pouvait pas se porter mais il pouvait porter Dae jusqu'à un endroit plus calme.Ses jambes qui n'obéissaient plus obéir.Ses bras entourèrent les épaules de Dae.Il l'emmena plus loin à l'abri du froid du soir et des vents violents.Ils s'assirent et la lune apparut dasn un élan de clarté pâle.elle reflétait la trouble de Dae.Shika l'entoura de ses bras et la réchauffa du mieux qu'il put.

Dae n'avait plus prononcée une parole depuis qu'il avait quitté le sentier.

Je ne te ferait pas souffrir par les mots.Alors tu peux garder le silence que tu as choisit jusqu'à maintenant comme alliée fidèle et je l'accepte.Mais je veux que tu sache que ton silence m'étouffe mais que tes paroles n'arrangeront rien.Je préfère souffrir pour toi et te préserver des tumultes.Mais si tu change d'avis parle moi comme tu le fait au sable ou à la lune.Je t'en supplie.Ma chérie.

"Je ..."

Daebrylla soupira et prit une grande bouffée d'air. Non pas qu'elle ne voulait pas parler mais son souffle était comme coupé depuis qu'elle venait d'apprendre cette horrible nouvelle. Il n'y avait aucun mot pour qualifier cela ... C'était ... ainsi.

Le silence tomba soudain.Un bruit se fit entendre dans leur dos et Aranel apparut au sommet d'un rocher.Le fait qu'il soit là voulait dire que le subterfuge de Shika allait lui retomber dessus:

Pfffff!Galère!

Dae se retourna lentement.Shika la regarda dans le fond des yeux.Il secoua légèrement la tête de gauche à droite.

[A toa!]

Aranel les avait rejoint.

"Dis-moi ce qu'il se passe, je t'en prie."

Il posa alors une main sur l'épaule drotie de sa soeur et il lui releva le menton, l'obligeant ainsi à le regarder.

"Ton trouble devrait aussi être mien parce que nous sommes frère et soeur ... Tu m'as toujours dit que nous deux, nous serions plus forts si nous traversions les épreuves ensemble."

Aranel était sincère. Il voulait savoir aussi, même s'il n'y avait pas encore longtemps qu'il était revenu.

"Je ..."

Elle ferma les yeux.

"Non ... Ils se foutent de moi ... C'est pas possible."
"Quoi ! Dis-moi !"
"Nos parents ne seraient pas nos parents."

Shika restait là sans rien dire.Il écouta la phrase fatidique que Dae prononça avec souffrance:

Nos parents ne seraient pas nos parents!

Shika parut légèrement troublé.Apprendre si soudainement la réaparition de son frère,de son père.Et en plus apprendre que ses parents n'étaient pas les siens.Il fallait du cran pour ne pas fondre en larme ou péter un cable.Mais Da paraissait tenir le coup.Mais pour combien de temps.

Shika posa sa main sur l'épaule gauche de Dae.Comme une plume pourrait le faire sur l'océan.Avec douceur et présence.

Daebrylla avait les yeux fermés. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était oublier tout ça ... Oublier ce qui c'était passé toute cette semaine et reprendre une vie normale. Mais maintenant qu'elle savait, maintenant qu'elle avait un peu trop creusé, reprendre une vie normale lui était impossible. Il y avait tant de questions encore sans réponses. Qui étaient ces parents ? Et cette soeur ? L'était-elle vraiment ou bien pas ? Et puis, pourquoi avaient-ils alors atterri chez les Illesar ? Toute cette histoire semblait être sans fin. A chaque pièce qu'elle retournait, c'était encore pire que la précédente. Qu'allait-elle apprendre ensuite ? Qu'Alacon serait en fait une femme ? Non, là, c'était aller à l'extrême mais maintenant, elle redoutait le pire. Au bout d'un moment, elle se leva.

"On devrait rentrer ..."

Pour l'instant, c'était la seule chose à faire. Elle se voyait mal de faire le voyage, pour le moment, jusqu'à Taki.